Vous pouvez retrouver les photos de ce voyage dans la galerie photos Italie / France – Tournoi des 6 Nations – 03/02/2013.
En ce samedi 2 février 2013, ils étaient dix-huit courageux parmi les « Anciens joueurs de l’USM » à avoir bravé la pluie pour se rendre à Blagnac en vue d’un vol Air France sur Rome. Ce groupe comprenait Jacques Boyé, Gérard David, Jean-Pierre Di Giulio, Norbert Féral, Jean-Pierre Girardi, Gérard Laplace-Rougé, Jean-Paul Marengo, Jean-Jacques Pécontal, Michel Pédurand, Michel Portier, Jean-Louis Roldès, Daniel Salsi, Bernard Sevoz, Christian et Gilles Stierlé, Patrick Tiriakian, Joël Treffel et Lucien Turlais. Pour raison de forte grippe, Lucien Chiapella avait dû déclarer forfait, tandis que Bernard Ailhas et Pierre Rentero, ayant eu des problèmes avec leur Carte d’Identité, ont dû renoncer au dernier moment.
Au terme des formalités d’usage, le groupe des « Anciens » décollait – en la bonne compagnie de Patrick Battut (vice-président de la FFR et président du comité Midi-Pyrénées), de Jean-Claude Bacqué (président de la FIRA) et de Jean Abeilhou (France Télévision) – pour la « Ville Eternelle » où il atterrissait à 11h55… en même temps que l’équipe de France venant de Marcoussis. Avant de prendre contact avec celle-ci, il avait plaisir à féliciter le XV de France des moins de 20 ans en partance pour Paris et qui, la veille, avait battu sur son herbe son homologue italien, et où figurait notre Montalbanais Jean-Blaise Lespinasse. Puis vint la rencontre avec l’équipe de France au moment précis où celle-ci récupérait ses bagages. Rencontre et dialogue émouvants avec Pierre Camou (président de la FFR), Bernard Lapasset, Philippe Saint-André, Jo Maso, Thierry Dusautoir, Pascal Papé et autres Morgan Parra et Frédéric Michalak. Le groupe des « Anciens » se sépare à regret du XV de France et de son staff… avant de le retrouver sur l’autoroute qui le mène vers Rome. Le car des Tricolores est précédé de deux motards italiens tandis que les trois voitures regroupant les « Anciens » voyagent de concert avec nos « Bleus ».
Il est 13 heures lorsque nous atteignons notre point de destination, l’hôtel « Aberdeen », au cœur de la « Ville Eternelle », à quelques encablures du Palais du Quirinal, de la Place de la République et de la gare Termini. Déjeuner au ristorante « La Pentolaccia », Via Flavia, où nous dégustons les fameuses pastas italiennes à la tomate et les crus du Latium. 15 heures : nous atteignons la Place de la République où nous profitons enfin – malgré une pluie diluvienne d’une bonne heure – des beautés de Rome dans le cadre d’une balade en bus touristique qui nous fait passer successivement par l’église Santa Maria Maggiore, la place Victor Emmanuel II, le Colisée, le mont Palatin, le Forum romain, le Circo maximo, les bords du Tibre et ses ponts d’une beauté inouïe, le Vatican et le basilique Saint-Pierre, le Castel Sant’Angelo, le pont Umberto Ier qui nous fait rejoindre le centre-ville, enfin le Palazzo Chigi et le Palais présidentiel du Quirinal. Ouf ! Nous ne savions plus où poser nos yeux. Nous savions pourtant que Rome parle à elle seule de par son charme, son histoire, ses innombrables traditions. Mais nous savions aussi que chaque coin de place ou de rue annonce les signes d’un art à l’état pur. Ah ! La belle découverte de la capitale italienne. Combien de fois avions-nous vu des photos et des vidéos de la « Ville Eternelle » ! Je ne saurais dire. Mais entre la réalité et la fiction il y a un monde : celui des couleurs des pierres, des monuments, des maisons, des lumières ; mais encore les sensations d’un esprit constamment en éveil et à l’affût.
Après un petit moment de repos, nous reprenons à 17 heures la même navette touristique et décidons, cette fois, de nous arrêter dans des lieux emblématiques. Première étape : le Colisée. La nuit commence à tomber, ce qui ne nous empêche pas d’admirer cet amphithéâtre de forme elliptique qui se dresse près du mont Palatin. Nous faisons le tour de cette arène où pas moins de 50.000 spectateurs pouvaient assister, sous l’Empire romain, aux luttes des gladiateurs et aux combats de bêtes féroces. Suprématie absolue de la ligne courbe, architecture qui est un symbole du martyre chrétien : voilà ce que révèle en nous le Colisée. Deuxième étape : le passage furtif sur la place de Venise, une place quadrangulaire qui était autrefois un nœud de la ville politique, religieuse et sociale romaine. Nous poursuivons notre bonhomme de chemin à pied (ce qui met à mal certaines jambes, mais aucun n’abdique !) et arrivons pour notre troisième étape à la Fontaine de Trevi, majestueux ensemble de marbre, d’un grand effet scénographique, avec en son centre la figure mythologique de l’Océan, sur un coche traîné par deux chevaux marins guidés par des Tritons. Dans ce lieu féérique, nos appareils photos fonctionnent au maximum pour prendre en souvenir le rythme élancé et monumental d’une sculpture à nulle autre pareille. Notre quatrième et ultime étape de la soirée est pour la Place Navone, à notre goût insuffisamment éclairée, espace riche d’histoire et d’art avec la fontaine du sculpteur de la Renaissance, Le Bernin, qui a immortalisé les quatre principaux fleuves du monde au XVe siècle : Nil, Gange, Danube et Rio de la Plata.
Il est déjà 20 heures et il est grand temps de se restaurer. Les estomacs désirent apaiser leur faim et, par le Panthéon, temple dédié à plusieurs divinités, puis l’église Saint-Louis-des-Français (il est malheureusement trop tard pour la visiter), nous terminons la journée dans un petit restaurant situé dans une rue piétonne où nous pouvons déguster, après une entrée composée de succulents légumes régionaux, un rizotto d’une saveur exceptionnelle, le tout arrosé de vins de Campanie. Repas tout convivial, évocation de lointains souvenirs rugbystiques chers aux uns et aux autres, quelques chansons dont l’hymne national italien « Forza Italia ». Il est minuit bien sonné lorsque nous pouvons regagner notre hôtel « Aberdeen » pour un repos bien mérité.
Le jour se lève sur la « Ville Eternelle », un jour qui, dans une vie, ne pourra ressembler à aucun autre. En ce « Jour du Seigneur » (dimanche 3 février), nous partageons notre emploi du temps entre la visite du lieu chrétien qu’est le Vatican, le matin, et le Stade Olympique, l’après-midi, lieu du choc Italie/France pour le compte du Tournoi des VI Nations. Bref, à une messe matinale succède une messe vespérale, les deux ayant en commun leur caractère « sacré ».
A bord de notre navette touristique, nous rejoignons dès 9h30 le Vatican. La foule ne se presse pas encore sur la place Saint-Pierre. Nous avons fait le bon choix de partir assez tôt et, en dix minutes seulement, pouvons accéder à l’intérieur de la basilique la plus grande et plus impressionnante du monde. J’ai la sensation de contempler un édifice majestueux, non seulement à cause de ses proportions exceptionnelles mais surtout en raison de l’ensemble des éléments architectoniques et décoratifs (sculptures, peintures, fresques…) qui le composent. Nous déambulons dans la nef centrale avant d’aborder les chapelles latérales communicantes entre elles. Nous admirons la grandiose Chaire de Saint-Pierre, lumineuse, solennelle, où l’imagination du Bernin a, à mon humble avis, su créer des effets impressionnants sans tomber dans la rhétorique ni dans les boursouflures. J’observe la coupole, au-dessous de laquelle se trouve un baldaquin en bronze soutenu par quatre magnifiques colonnes torses. Je ne dispose malheureusement pas du temps nécessaire pour faire en sorte que ma rétine s’enrichisse des trésors innombrables de la basilique. Entre les sculptures du Bernin, les peintures de Raphaël, la Pietà de Michel-Ange et les remarquables monuments funéraires qui constituent autant de tombeaux de papes, je suis conscient que je visite le plus vaste temple chrétien qu’il m’ait été donné d’admirer, sublime, harmonieux, gigantesque avec sa coupole qui mène vers la lumière et, pour les croyants, vers Dieu.
Retour sur la place Saint-Pierre baignée par un chaud soleil printanier, dans un ciel pur et azur. Le groupe se retrouve sur cette immense place entourée de gigantesques colonnades rehaussées de 132 statues, et que surplombe la basilique avec sa façade puissante, « papale » dont j’ai l’impression que les parties architectoniques s’articulent puissamment. Entre une colonne et l’autre, je perçois une série de fenêtres. L’ensemble est homogène, majestueux, harmonieux. C’est dans ce décor que le groupe de l’ « Amicale des Anciens Joueurs de l’USM » décide de prendre (pour l’éternité ?) la traditionnelle « photo de famille », un jeune Brésilien s’accommodant fort bien de la tâche que nous lui demandions… devant « jongler » avec pas moins d’une demi-douzaine d’appareils aussi différents les uns que les autres ! Et dire que nous ne l’avons pas récompensé d’un petit pourboire. Ah ! Le pauvre, il l’avait mille fois mérité.
Deuxième messe de la journée : celle qui nous transporte dans un bus, véritable boîte de sardines bourrée à l’extrême, vers le Stade Olympique. Il est 13 heures, et nous disposons de longs moments pour découvrir les lieux : un grand écran accueillant les dizaines de milliers de spectateurs ; le « Village Rugby » entouré de statues qui sont autant de reproductions d’œuvres antiques et où quelques 3.000 jeunes Italiens s’adonnent aux joies de la balle ovale sous la direction d’arbitres et d’éducateurs diligents ; un stand où sont exposés dans des vitrines une bonne centaine de maillots de clubs italiens et étrangers. Bref, une animation du meilleur goût qui permet de mettre chacun dans l’ambiance. Déjeuner pour notre groupe composé de sandwichs « saucisse locale » (n’est-ce pas Norbert ?), frites et bonnes pintes de bière.
15 heures : nous pénétrons dans l’immense arène du Stadion Olympico. Gigantesque, somptueuse, géniale, accueillante. Elle nous coupe le souffle de par ses dimensions, sa merveilleuse visibilité, son toit métallique ajouté après les Jeux Olympiques de 1960. Les spectateurs deviennent de plus en plus nombreux au fil des minutes. Joueurs italiens, puis Français pénètrent sur la verte pelouse pour l’échauffement. Leurs faits et gestes sont scrutés dans les moindres détails. 15h55 : le retour des joueurs pour les hymnes nationaux déclenche un véritable mouvement de foule. Le silence revient rapidement dans l’arène. 60.000 spectateurs entonnent en chœur « La Marseillaise » puis « Forza Italia ». Moments forts, émouvants, moments de rêve.
16 heures : le match débute par le coup d’envoi donné par les Français… qui va directement en touche. Signe prémonitoire d’un match à hauts risques ? Au total, ce match sera pour nos Tricolores successivement mal embouché, mal mené, mal terminé. Je ne dirai jamais que la défaite de l’équipe de France (18-23) est honteuse. Je dirai plutôt qu’on a vu une victoire italienne plus qu’une défaite française, les joueurs du capitaine Parisse se montrant offensifs et ambitieux, prenant des risques et les assumant. Ils ont dominé notre XV grâce à leurs impacts au niveau de la possession, du déplacement, de l’occupation du terrain. Pauvres Français, incapables de mettre la main sur le ballon, avec leurs passes indécises, les ballons rendus au contact et les coups de pied en touche ou à suivre qui se perdent. Et pourtant, en fin de première mi-temps et au début de la seconde, les joueurs de Papé ont semblé contrôler les opérations, remettant la main sur le ballon, resserrant le jeu autour des charges d’avants. Et puis il y eut ces vingt pathétiques dernières minutes d’une équipe qui n’était plus celle de novembre, celle qui avait balayé l’Australie, l’Argentine et les Samoans. Au coup de sifflet final, c’est à l’explosif bonheur de la Squadra azura auquel nous assistons, nous Français, muets, pensifs, conscients de l’échec. Et puis, et puis, dix bonnes minutes après, toujours debout dans la tribune, nous assistons à l’osmose d’une équipe avec son peuple. La scène qui sera, pour moi, l’image la plus parlante de cet Italie/France c’est lorsque les joueurs italiens, déployant horizontalement le gigantesque drapeau de leur nation, diront à leurs supporters, de la main et de la voix, « Merci ! ». N’est-ce pas là la marque d’une nation rugbystique que l’on qualifiait de « petite » mais qui, à force de travail, a réussi à se hisser au niveau des plus grands ? En tout état de cause, cette victoire amplement méritée sur le XV de France pourrait avoir un impact considérable sur le développement du rugby dans la péninsule.
Il est plus de 19 heures quand nous quittons le Stade Olympique. Un problème de transports en commun ne nous permet de rejoindre la place Navone qu’à 20h30. Peu importe. L’ambiance, malgré la défaite, est au beau fixe. La soirée est pour nous. Nous « atterrissons » dans un restaurant de la célèbre place où, après des apéritifs à répétition (ah ! il n’est pas mal non plus le « champagne » local), nous dégustons, pour certains une exquise pizza, pour d’autres une délicieuse assiette de pastas à la carbonara, et terminons par des glaces italiennes savoureuses… le tout étant copieusement arrosé comme il se doit. Sur la fin, s’engage entre nous, sous les auspices du « chef de séance » Jean-Paul Marengo, très en forme pour la circonstance, une vraie et improvisée réunion du bureau de l’Amicale, où l’humour a dominé les débats. Une réunion où il a pu être dressé un premier bilan du voyage et des activités menées par le bureau depuis deux ans. Le futur a été évoqué. Mais là, chut ! Comme à la Chapelle Sixtine, une fumée blanche ne s’est pas échappée et qui n’a pas livré… le futur successeur à la présidence de notre ami Michel Pédurand. Quoi qu’il en soit, rendez-vous a été donné à tous les membres pour le samedi 9 mars, à l’Etap Hôtel, pour l’Assemblée générale… où chacun en saura un peu plus sur ce qui s’est dit dans ce conclave de la place Navone… et où des cardinaux potentiels, n’ayant pas revêtu leur habit, se sont manifestés…
Lundi 4 février. Il est temps, malheureusement, de retourner dans notre bonne ville de Montauban. Les taxis nous attendent à l’hôtel « Aberdeen » dès 9 heures. Direction l’aéroport de Fulmicino par le centre-ville, puis par l’autoroute bien dégagée qui nous permet d’admirer une dernière fois la paisible et verdoyante campagne du Latium avec ses riches cultures, ses pins parasols, ses collines ensoleillées. Formalités d’embarquement accomplies, le départ est fixé à 12h35. Le temps de bavarder avec Jean-Claude Bacqué, Jacky Laurens (ex-président du comité du Périgord-Agenais et représentant de la France à l’International Board) et M.Molveau (président du comité du Languedoc). Voyage agréable, sous le soleil le long des rives italiennes, pendant le survol de la Corse et jusqu’à la Camargue… Et dans les nuages et sous la pluie pour l’arrivée à Blagnac, puis à Montauban que nous atteignons vers 16 heures, tous heureux d’avoir accompli un périple, synonyme de découverte, d’enrichissement et de convivialité.
Le « secrétaire de service » Christian STIERLÉ, au nom de tous ses amis « vert-et-noir » avec qui il a vécu des heures inoubliables
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